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Régulièrement, au moment où je referme la porte du domicile d’une personne visitée, une question surgit : « Est-ce que cette intervention était réussie? »  Pendant que nous « marchions », ai-je entendu ses questions, ses attentes, ses déceptions, ses incompréhensions, ses peurs et ses silences?

Ayant collaboré avec diverses cellules de soins palliatifs à domicile au fil des deux dernières années, j’ai la chance de faire route aussi avec des collègues d’autres professions : soins infirmiers, travail social, physiothérapie, ergothérapie, nutrition, etc. Là encore, j’essaie de rester à l’écoute et d’ajuster mon pas. Il y a tant à découvrir : la situation unique de chaque personne accompagnée, l’expérience et le professionnalisme des membres de l’équipe, le nombre surprenant de variables pouvant affecter la trajectoire de soins et la sérénité des usagers, de leurs proches, des collègues… ou ma propre sérénité!

Comme c’est souvent le cas lorsqu’on entreprend un « périple », au moment où débute un accompagnement en soins palliatifs, il est difficile de prévoir les étapes du parcours, sa durée et ce dont nous discuterons en route. Pourtant, depuis un certain temps, un sujet devient incontournable et balise certains itinéraires : l’aide médicale à mourir.

Pour moi, en soins spirituels, le fait que l’aide médicale à mourir soit l’option envisagée ou retenue par la personne va venir donner une teinte particulière à l’accompagnement proposé.  D’une part, parce que la personne manifeste par son choix qu’elle a réfléchi à la mort. D’autre part, parce qu’avec les collègues des équipes de soins palliatifs, je voudrai m’assurer que le cheminement vers la fin de vie de cette personne et de ses proches demeure un moment porteur de sens.

C’est bien souvent dans cette perspective qu’est proposée la possibilité de vivre une rencontre ou un rituel. Ce moment qui peut avoir une saveur religieuse ou non est l’occasion d’évoquer la vie traversée, la séparation qui s’annonce, mais surtout, pour celles et ceux qui vont poursuivre leur route, ce que la mémoire et le cœur veulent retenir.

Pour ma part, je remarque qu’il s’agit d’un poste où l’aspect relationnel est central. Relations avec des personnes qui entreprennent une étape importante de leur vie; relations avec des proches qui apprivoisent de nouvelles manières d’être présents, aidants et aimants; relations avec des collègues de plusieurs professions au cœur de la collaboration interdisciplinaire. Pour moi, avoir ainsi la possibilité d’intervenir et d’accompagner au cœur de ce réseau relationnel qui se veut soucieux de la personne et de ses proches, cela représente la plus grande réussite!

 

– Mario Fraser, intervenant en soins spirituels, Soins spirituels aux patients en soins palliatifs, CLSC des Rivières

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